L’homme se fait rare. Extrêmement rare. Pourtant, Jim Beveridge n’est ni plus ni moins que le pape du Whisky en personne. Ses apparitions dans les media se font discrètes et pour sa première fois officiellement en France, il ne fallait pas rater le créneau. Pas de bol pour Georges, c’est justement ce jour là que son chauffeur Uber a décidé d’annuler sa course, puis de se tromper de destination, puis de ne plus avoir de batterie dans son GPS et enfin de rester coincé dans les bouchons… Il ne manquait plus que la panne d’essence, qui aurait pu couronner le tout mais malheureusement qui restera au stade fantasmagorique.
Une petite course au trot à l’arrivée aura finit d’avoir la peau de Georges. C’est donc littéralement en sueur que Georges a eu la chance de rencontrer Jim Bevridge. Pour une première impression, on a connu mieux…
La rencontre
On s’attendait à un personnage sûr de lui, arrogant, avec une pointe de prétention. Mais pas du tout. Le personnage est humble, presque timide. Pour briser la glace, Georges lui a de suite demandé s’il se souvenait de sa première expérience avec le whisky. Un grand silence. Georges s’attendait à une réponse corporate. Mais pas du tout. Jim Beveridge rigole. Ouf on a cassé la carapace. « Vous savez en Ecosse, le whisky est partout mais à l’université je buvais essentiellement de la bière ». Zut on s’attendait quand même à parler whisky avec lui. Puis il reprend « Ma première vraie expérience avec le whisky a eu lieu aussi à l’université. C’est ici que j’ai découvert les arôme mais sans comprendre le whisky. J’ai vraiment compris le whisky quand j’ai commencé à travailler pour Johnnie Walker en 1979 ».
Quand on lui demande pourquoi avoir choisi Johnnie Walker, il retourne la question avec beaucoup de tacte « Johnnie Walker sponsorisait les travaux de chimistes, dont les miens. C’est donc grâce à eux que j’ai pu mettre en application mes connaissances dans le sujet ».
Jim Beveridge : un master blender heureux
Il est temps de rentrer dans les détails et de lui demander comment il définit son rôle de master blender. Il le décrit selon trois grands rôles :
- garantir la constance et la régularité des marques du groupe. Pour une marque de cette notoriété, un sacré challenge.
- penser à des innovations et des nouvelles expressions de ses marques
- Se projeter dans le futur et imaginer le whisky que l’on pourra boire dans 12 ans minimum. S’assurer que les whiskies réalisés aujourd’hui soient de la qualité adéquate pour les générations suivantes.
Heureusement il n’est pas seul dans cette tâche, puisqu’il a sous ses ordres douze personnes, toutes essentiellement dédiées à la marque Johnnie Walker, mais également sur certains Single Malts du groupe Diageo comme Lagavulin, Caol Ila, Singleton.
Quand Georges lui demande comment on découvre que l’on a un nez extraordinaire, un second éclat de rire de la part de Jim « Je pense qu’on a tous un peu cette capacité. J’ai juste eu la chance que Johnnie Walker m’offre cette opportunité de le faire heures apres heure, jour après jour, année après année. Tout ce temps à étudier les arômes m’a permis de faire un nez ! « .
Sur les tendances futures du whisky, Jim Beveridge pense que le blended Whisky va revenir de plus en plus sur le devant de la scène. « De plus en plus de consommateurs de Single malts reviennent au blend. Le Blend peut avoir un caractère très individuel, très innovant, de la même façon qu’un single malt ».
Quand on lui parle du whisky français, il nous dit qu’il suit l’actualité autour de ça mais nous sommes étonnés de savoir qu’il ne l’a pas encore gouté !
Ensuite, Georges a fait l’impensable : parlez des whiskies aromatisés. On s’attendait à le voir sortir de ses gonds, crier à l’arnaque. Mais après un temps de réflexion sa réponse tombe comme un couperet : « l’essentiel sont les consommateurs. S’ils veulent boire des whiskies comme ça, il faut leur en fournir ! ». En plus d’être une éminence du whisky, on découvre la facette beaucoup plus ouverte de Jim Beveridge, bien éloignée de certains conservateurs qui vous couperaient la langue pour avoir osé poser cette question. « Le plus important est de fournir des whiskies qu’ils vont aimer boire ! ». Tout est dit.
Jim Beveridge : un personne emblématique du whisky écossais
« Le plus important est de fournir des whiskies que les consommateurs vont aimer boire ! »
On décèle l’humain derrière le personnage emblématique. On en profite pour lui demander son endroit préféré pour déguster un whisky. « Ce qui m’intéresse le plus, c’est d’être avec des gens qui apprécient le whisky, et qui prennent du bon temps ».
Et il fallait bien finir par poser une colle à Jim Beveridge. La question est cruelle comme à un père à qui ont demanderait de n’épargner qu’un seul de ses enfants. S’il partait sur une île déserte, quelle bouteille de Johnnie Walker prendrait-il dans son bagage. Il essaye de taper en touche en disant que tout dépend de l’île. Mais ne se déstabilisant pas, Georges lui demande pour une île au nord de la Norvège. Et la réponse tombe : « Blue Label car c’est doux et réconfortant ».
[…] en embouteillage officiel. Toute la production partait dans la confection du blend du groupe (Johnny Walker), et quelques fûts partaient chez les embouteilleurs indépendants. Autant dire, des broutilles. […]