Quel est ton parcours avant de devenir bartender ?
J’ai commencé la restauration, il y a presque 10 ans. J’ai fait une formation en apprentissage au CFA Mederic, un bac pro de 3 ans. Puis, un BTS de 2 ans en restauration. Ensuite, je me suis orientée dans le milieu du bar.
J’ai commencé par Bespoke à Oberkampf qui était le premier établissement de Nicolas Munoz, qui a désormais Divine et Bisou. J’ai fait 1 an là-bas, ensuite j’ai eu la chance d’intégrer le Little Red Door où je me suis retrouvée aux côtés de Remy Savage pendant 1 an et demi. Je l’ai suivi ensuite à Londres, à l’Artesian une nouvelle année.
Qu’est-ce qui t’a donné envie de devenir bartender ?
Le côté production, la créativité et le contact client. C’est l’ensemble des trois qui est la clé de ce métier. C’est ce qui fait que c’est ma passion, et que je ne m’ennuie jamais.
Quels sont tes bars préférés dans le monde actuellement ?
Je n’ai pas assez voyagé pour valider cette réponse à vie. Je dirais le Little Red Door pour le côté sentimental. C’est lui qui m’a vraiment donné envie de faire du bar. Là où j’ai rencontré Remy Savage il y a 4 ans de cela. À Londres, j’ai Satan’s Whiskers que j’apprécie énormément. Je vais avoir aussi le Fam, le Savoy, l’Artsesian, Swift, et Kubrik, un petit bar pas connu qui fait partie de Bar Engage. Bisou. à Paris aussi. Ce n’est pas qu’une question de bar. C’est une question de personnes qui y travaillent. Donc, ça peut vraiment changer selon les époques.
Quels sont tes mentors / les gens qui t’ont inspiré ?
Remy Savage est la personne qui m’a fait voir le bar, et la création d’un menu sous un angle complètement différent, tout en s’inspirant de sources vraiment incongrues, de partout et de nulle part.
Quelles sont les qualités d’un bon bartender ?
C’est d’être un bon hôte. Ça ne m’embête pas d’aller dans un endroit où les drinks ne sont pas forcément les meilleurs, tant que j’y passe un bon moment. À l’inverse, ça n’arrivera pas si je passe un mauvais moment. Après, il faut savoir donner une seconde chance à tous les endroits. Mais, le fait de bien accueillir ses clients et de les faire se sentir bien est la première des qualités.
En tant que client, qu’est-ce que tu recherches dans un bar à cocktails ?
Le confort. Une bonne atmosphère. Une belle équipe qui sert de bons drinks. Quand on sort, c’est pour se décontracter !
Quel est ton cocktail préféré du moment ?
J’ai une grosse folie Calvados en ce moment que je twiste sur tous les styles. J’adore aussi les Martini. Mais ça dépend tellement de l’humeur et du temps qu’il fait.
Pourquoi participes-tu à la compétition de barmen Bacardi Legacy ?
C’est un concours qui m’intrigue depuis bien longtemps, et dont j’entendais parler avant même que je commence le bar. C’est une compétition qui m’a toujours attirée. Ensuite, je pense que c’est un challenge personnel assez cool. On voit un aspect de notre milieu auquel nous ne sommes pas confrontés tous les jours : le marketing et la communication. Et auquel on n’a pas forcément de formation dans notre métier, mais qui est la clé de tout aujourd’hui.
Je pense aussi que ce sont des moments géniaux. Je vois les bartenders qui sortent de la Bacardi Legacy, ça a toujours été des rencontres géniales. Je pense que ça réunit et rassemble énormément les gens. Ça ouvre aussi énormément de portes, ce qui n’est pas négligeable.
Comment te prépares-tu pour le concours Bacardi Legacy ?
C’est beaucoup, beaucoup de stress. En plus, Pauline et moi, nous sommes dans le même établissement, donc c’est très difficile d’arriver à sortir de ça. On arrive tous les jours, on en parle. C’est très intense. Je commence à faire un planning, prendre du recul. C’est un gros travail sur les trois mois à venir, mais une fois que tout sera étalé et qu’on verra plus clair, ça ira mieux (rires). Ensuite, je pourrai me focaliser sur la présentation du jour J.
Pour toi, le rhum, ça t’inspire quoi ?
C’est le premier spiritueux que j’ai apprécié, et que j’ai appris à déguster. C’est un clin d’œil pour moi, car ça me fait du bien de revenir au rhum via la Bacardi Legacy, avec un cocktail que l’on puisse offrir à n’importe quelle clientèle avec le moins de moyens possible. C’est ce challenge-là qui m’intéresse.
Quelle est l’inspiration derrière ton cocktail ?
Mon cocktail s’appelle Magdalena qui veut dire « madeleine » en espagnol. Le cocktail est inspiré de la madeleine de Proust qui est un phénomène qui a été nommé ainsi d’après le livre de Marcel Proust « À la recherche du temps perdu ». Dans ce livre, il décrit une madeleine qui lui rappelle celles qu’il trouvait chez sa grand-mère, et qu’il trempait dans le thé. Ce sentiment de flash-back associé à cette nostalgie qui peut ressurgir avec un événement, une odeur, une saveur… Mon cocktail, c’est ma madeleine à moi. Ma Legacy, c’est de pouvoir la transmettre à des personnes qui représentent ces moments que l’on passe, au futur, comme au passé.
Quel est le meilleur moment / lieu pour déguster ton cocktail ?
Je pense qu’il n’y en a pas, car la question c’est plutôt avec qui. Et ça serait avec des gens bien, des gens qui sont ouverts, qui sont rigolos, qui sont gentils. C’est la condition d’un moment agréable qui peut produire une synergie.
S’il y a une seule chose que tu aimerais transmettre à la génération future de barmen, qu’est-ce que ce serait ?
Je leur dirais de ne pas perdre le nord. On se dirige dans une industrie où les gens prennent de plus en plus la grosse tête. Nous sommes barmen.Nous sommes là pour servir des gens et leur faire passer un bon moment, plutôt que de partir dans des techniques de folie. OK, c’est intéressant aussi, mais comme disait Gary Regan il n’y a pas très longtemps : “j’ai appris que les gens oublieront ce que vous avez dit, oublieront ce que vous avez fait, mais n’oublieront jamais comment ils vous ont fait se sentir”. Il ne faut pas l’oublier, sinon on dénature le métier que l’on fait.