Niché au coeur du typique village normand de Fécamp en Seine-Maritime se cache une magistrale oeuvre d’art de style néogothique et renaissance nommée Palais Bénédictine. Imposant et impressionnant, c’est en ces murs que depuis plus d’un siècle et demi est produit la liqueur éponyme. Désormais propriété de Bacardi Martini depuis 1986, le géant des spiritueux compte bien redonner une seconde jeunesse à cette liqueur inspirée d’une recette de moines bénédictins, qui fut le symbole du raffinement et du luxe à la française ! Pour nous le prouver, Palais Bénédictine nous a invité et nous a ouvert ses portes, dont certaines encore jamais ouvertes jusqu’à présent…

Un palais aux multiples facettes

Le Palais Bénédictine est ce que Bacardi Martini appelle : une Brand Home (maison de marque en français). Un de ses lieux où le grand public, comme les professionnels, peuvent visiter pour s’imprégner de la philosophie de la marque, comprendre comment les spiritueux sont élaborés, qui sont les personnes qui oeuvrent en coulisse, ainsi que découvrir l’histoire et l’évolution des produits. Franchir les portes d’un de ces lieux permet de comprendre les spécificités et l’artisanat mis en oeuvre derrière les plus belles marques du groupe, dans un écrin fabuleux. Et on ne va pas se mentir, le Palais Bénédictine en met plein les yeux ! Un palais digne de Disneyland, mais avec la partie savoir-faire, et l’alcool en plus. L’entreprise la plus visitée de Normandie avec plus de 120 000 visiteurs par an qui se pressent pour découvrir le lieu, déguster les liqueurs, visiter le musée où encore prendre un cocktail dans le bar La Verrière. On pourrait presque oublier que c’est ici, encore aujourd’hui, qu’est produit la liqueur Bénédectine, l’une des liqueurs les plus mystérieuses de France ! Son histoire déchaine les passions, où légendes et réalités se mélangent souvent.

Un homme visionnaire : Alexandre Le Grand

Si Bénédictine a connu un succès mondial, c’est grâce à un homme au nom prédestiné Alexandre Le Grand, mais à ne pas confondre avec son homonyme, le roi macédonien. Celui qui nous intéresse aujourd’hui est un normand pur cru, né à Fécamp et distingué Chevalier de la Légion d’honneur (1871) et nommé par le Pape Commandeur de l’ordre de Saint-Grégoire-le-Grand. Un grand collectionneur d’art qui retrouve dans la bibliothèque familiale un Herbarius du xvie siècle provenant de l’abbaye bénédictine de Fécamp. Dedans, un moine bénédictin vénitien ayant résidé à l’abbaye de Fécamp, nommé Dom Bernardo Vincelli, y a consigné en 1510 plusieurs recettes, dont celle d’un élixir de santé à base de plantes provenant de Fécamp, associées à des épices orientales. Beaucoup de légendes circulent à propos de ce grimoire, mais celui-ci existe bien, scrupuleusement conservé dans un double coffre-fort, avec les précieuses archives de la marque au sein du Palais.

Une recette d’une rare complexité !

C’est en s’inspirant de cette recette ancestrale qu’Alexandre Le Grand a créé sa réinterprétation de la liqueur, la mondialement connue Bénedictine D.O.M consignée dans un grimoire rouge, également conservée au palais. Pour créer cette liqueur, 27 plantes et épices entrent dans la composition (dont seule une partie est révélée au grand public), réparties dans quatre alcoolats distincts : 

Le premier alcoolat est obtenu par infusion, composée principalement de différentes plantes, dont l’Angélique, la Mélisse, le Thé, le Thym et bien d’autres, mais aussi des amandes amères, auxquelles sont ajoutées des gousses de Vanille et des écorces de Citron qui ont macéré séparément pendant 6 mois. Le taux d’alcool est de 70,5 %.

Le second alcoolat est obtenu par double distillation dans les alambics en cuivre d’origines (79,5 % vol.) et contient les mêmes ingrédients que l’infusion à laquelle on ajoute également des écorces de citron macérées pendant 6 mois. Son taux d’alcool est de 79,5%.

Le troisième alcoolat est obtenu par simple distillation et titre 83,5 % vol. Celui-ci ne contient que des épices, notamment la cannelle, le clou de girofle et la noix de muscade.

Le quatrième alcoolat est issu d’une double distillation et titre 80 % vol.. Il contient des baies de genièvre, de la cannelle, de la cardamome, du macis, de la mélisse, du thym, de l’angélique, de la coriandre ou encore des bourgeons de pin.

Pour l’assemblage et le vieillissement, pas question ici aussi de faire les choses simplement. Une fois les 4 alcoolats obtenus, une première étape d’assemblage consiste à les mélanger et à faire vieillir ensemble pendant 8 mois dans de grands foudres de bois. Ensuite, on y ajoute du safran et du miel, avant de chauffer le mélange à 55 °C et de le faire vieillir pendant 4 mois supplémentaires. Une filtration précède la mise en bouteille.

Une gamme en évolution.

Aux côtés de la recette historique, trois autres références sont venues compléter la gamme au fil des décennies : B&B, Single Cask et 1888.

Bénédictine B&B : depuis 1937, cette référence est le résultat d’un mélange de 60 % de Bénédictine et de 40 % de French Brandy.
Le processus de production est similaire à celui de la Bénédictine D.O.M. mais le Brandy français est ajouté
au safran et au miel, et ce mélange ne subit pas le processus de chauffage à à 55°C, mais est laissé au repos pendant 4 mois.

Bénédictine Single Cask :  fabriqué à partir d’un mélange de 60% de BÉNÉDICTINE & 40 % de French Brandy, laissés ensemble en vieillissement pendant trois mois supplémentaires en petit fût de chêne pour lui donner à la dégustation une profondeur de goût audacieuse et une finale moelleuse.

Bénédictine 1888 : la dernière expression de la marque, sortie en 2020, et notre coup de coeur à la dégustation. Cette expression est un assemblage de liqueur Bénédictine et de Cognac. Un mélange qui repose ensuite quelques mois dans des fûts de chêne français du limousin précédemment utilisés pour vieillir du Cognac. Le résultat est subtil, Bénédictine 1888 révèle au nez des notes d’agrumes qui s’enrichissent aux arômes de vanille et de miel. Le Cognac, qui amplifie les notes d’angélique, apporte une rondeur et de la chaleur. Un petit bijou de créativité !

Pour finir notre tour du Palais Bénédictine, un bref tour dans le bureau du président, une pièce volontairement laissée dans son jus style années 60, et enfin la fameuse pièce des archives. Sébastien Roncin, archiviste pour Bénédictine, mais également pour l’ensemble des marques françaises du groupe (Grey Goose, Noilly Prat, Get, Cognac d’Ussé etc). Une véritable caverne d’Ali Baba, où tout est minutieusement classé, rangé, expliqué. Des premières publicités pour Bénédictine (Alexandre Le Grand était également un fin publicitaire), aux éditions limitées en passant par les registres de vente de l’entre-deux-guerres. Les plus grands noms du palace en France étaient tous client de Bénédictine, une liqueur dont la haute société raffolait.

Le Palais Bénédictine : un lieu hybride qui mérite le détour

Que vous y alliez pour l’architecture, l’histoire, la distillerie, ou même le bar, il y a forcément une facette de Bénédictine qui fera écho en vous. Une marque qui traverse les siècles, et qui avec l’essor des liqueurs auprès des consommateurs, risque de fort de connaitre une nouvelle jeunesse en France également !

PALAIS BÉNÉDICTINE
110 Rue Alexandre le Grand
76400 Fécamp

https://www.benedictinedom.com/fr/fr/flamboyant-palais/location/

Article écrit en Collaboration avec BMF


Author

Fondateur de ForGeorges - plus de 1 000 bars testés à travers le monde - prend autant de plaisir à tester un nouveau bar, que déguster un spiritueux ou un verre de vin en bonne compagnie ! Spécialiste de la loi Évin et dénicheur de bonnes idées et innovations pour les marques d'alcool ! Son cocktail préféré ? Tous à partir du moment où ils font passer un bon moment (mais ne crache jamais sur un old fashioned bien réalisé ! ). Auteur des livres : Le Whisky C'est pas Sorcier, Le Rhum c'est pas sorcier et Les Cocktails c'est pas Sorcier, aux éditions Marabout et traduits en plusieurs langues (Anglais, chinois, japonais, russe, italien, néerlandais...) Auteur des livres : Le Whisky C'est pas Sorcier, Le Rhum c'est pas sorcier et Les Cocktails c'est pas Sorcier, aux éditions Marabout et traduits en plusieurs langues (Anglais, chinois, japonais, russe, italien, néerlandais...)

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