Millésime Bio, c’est le Saint Graal du vin bio en France et en Europe. Imaginez : un immense salon rempli par plus de 1200 vignerons exposants, répartis sur 4 halls du parc des expositions de Montpellier. Et comme difficulté, vous n’avez que 3 jours pour en faire le tour. Face à cela, vous avez 3 stratégies possibles : courir, être organisé, faire des thématiques.
Et c’est justement l’une de ces thématiques que nous allons vous exposer maintenant : les spiritueux et autres alcools bio !
Les spiritueux bio ont le vent en poupe !
En plein débat national sur l’utilisation du glyphosphate (on encourage d’ailleurs les réticents à venir faire un tour sur le salon), un constat s’impose : la demande est là ! C’est assuré pour le vin. Mais pour les spiritueux ? « On assiste à une vraie demande de nos spiritueux bio » nous glissera l’un des exposants.
En même temps, il faut dire que les études indépendantes sur le sujet sont assez vagues et suffissent à mettre le doute : quand des études sur le rhum guadeloupéen démontraient que le chlordécone, épandu largement sur les plantations, ne se retrouvait pas dans le rhum, une autre étude de l’UFC Que Choisir démontrait que des traces de phtalates pouvaient se retrouver dans des whiskies écossais… À notre connaissance, aucune étude ne s’est concrètement penchée sur le sujet. D’ailleurs lorsqu’on évoque le sujet avec un fabriquant d’armagnac bio, il s’énerve « Faut arrêter avec ces conneries ! Qu’il y ait des traces ou non dans le produit fini, ce n’est pas ça le problème. Il faut regarder dans quel état on laisse la terre qu’on travaille ! C’est ça le seul vrai problème que tout le monde devrait regarder ».
Qu’est-ce qui motive les amateurs de spiritueux bio ?
Et c’est le même leitmotiv chez les amateurs de spiritueux bio. « Je suis passé au whisky bio depuis que je me suis intéressé à la fabrication. On me vend un produit de terroir, mais l’orge vient du bout du monde, de pays respectant peu l’environnement… Niveau traçabilité, c’est la politique du zéro info, et j’en ai eu marre »). Un amateur que l’on retrouve justement devant le stand du Domaine des Hautes Glaces. Une distillerie qui pourrait faire figure d’ovni dans le paysage du whisky. De la culture des céréales (30 hectares cultivés en bio), jusqu’à la mise en bouteille, tout est fait par la distillerie. Et le public en redemande. « On a une nouveauté : Sécale (prononcez Séqualé) ». Il est possible de tout savoir : quand a eu lieu la moisson (2012), combien de kilos de Seigle, date de la distillation, type de fût utilisé.
Mais cette transparence à un prix : un peu plus de 135 euros la bouteille.
Des problèmes d’approvisionnement…
Finalement, le plus dur pour les producteurs de spiritueux bio, c’est justement l’approvisionnement. Les 2 producteurs de Cognac que l’on a croisés sur Millesime Bio nous ont glissé : « si on peut faire du cognac bio, c’est uniquement car nous n’achetons pas le raisin ! Nous avons nos propres vignes ». Certains ont commencé très tôt leur conversion en bio ce qui permet par exemple au Cognac Elisabeth de proposer un XO Extra.
Et un autre producteur d’eau de vie bio de la distillerie Becker en Alsace de préciser : « On aimerait proposer une eau de vie de Poire William’s bio dans notre collection, car les gens nous la demandent. Mais c’est impossible de trouver la matière première indispensable pour la créer. Tous les fruits disponibles partent dans d’autres circuits ».
Il faut dire que la profession est gourmande : 80 kg de fruit pour créer seulement 3 bouteilles. Soit, à peine plus de deux litres…
Une multitude de bières bio à Millésime Bio également
Outre les spiritueux bio, une autre grande tendance lors de ce Millésime Bio est le nombre de bières bio créées… par des vignerons ! « On a la chance d’avoir de la place au sein du domaine, donc pourquoi se gêner ? ». Et quand ce ne sont pas les vignerons eux-mêmes, ce sont leurs enfants. « Je sais qu’un jour je vais reprendre le domaine et je vais pouvoir m’y exprimer, mais pour le moment, je n’ai pas mon mot à dire. Donc la bière c’était une bonne occasion pour créer quelque chose à moi, qui me ressemble ».
Un début timide, mais encourageant !
Comparés aux milliers d’exposants viticoles, les spiritueux bio étaient fort peu représentés. Mais c’était la première année que Millésime Bio s’ouvrait aux autres alcools que le vin !
Vodka, whisky, rhum, eaux de vie, gin, cachaça, pastis, armagnac, cognac, grappa, vermouth, calvados, pommeau, absinthe… Finalement tous les alcools les plus répandus étaient représentés.
Et leur présence était plus qu’utile ! Comme le disait ce caviste juste à côté de nous, « Je suis sacrément con, je ne propose que des vins bio dans ma cave, mais je ne savais même pas que les spiritueux bio existaient » !
Petite production, distillerie peu connue. Le milieu des spiritueux bio avait bien besoin d’un coup de main pour mieux se faire connaître et le salon Millésime Bio était l’écrin parfait pour cela !
En photo, tous les spiritueux bio croisés lors du salon Millésime Bio 2019 .