La cérémonie des World’s 50 Best Bars se tenait la semaine dernière, en format 100% digital pour cause d’épidémie de COVID. Cocorico, en plus avec 3 établissements français dans le Top 100 : Little Red Door (24e) – Danico (55e) – le Syndicat (79e). Une année 2020 qui vient récompenser à la première place l’établissement londonien The Connaught Bar.

Fallait-il un classement et une cérémonie en 2020 ?

2020. Une année merdique pour les bars. Tous les bars. Entre les fermetures d’établissements mythiques (Pegu Club). Celles d’autres établissements plus récents tenus par des ténors du bar. Des bartenders qui se font éjecter des palaces pour cause de baisse de fréquentation. Des bars qui doivent se battre (et brûler des cierges) pour espérer être toujours là dans 4 mois. On espérait que le World’s 50 Best Bars apporte un vent de fraîcheur dans une ambiance bien morose.


Cette année, point de grande messe physique rassemblant les bartenders du monde entier, mais une cérémonie virtuelle avec de la 3D digne d’Avatar à foison. Et c’est bien seul, devant cette cérémonie froide comme une porte de prison, que l’on s’est posé un tas de questions.

Déjà, ménageons les susceptibilités. Félicitations à tous les bars et bartenders nommés dans ce classement. Nous savons que c’est une combinaison de talents, d’investissements financiers et humains considérables pour réussir à se placer dans ce classement. Et c’est une tâche d’autant plus ardue que la concurrence est toujours plus rude.

Des changements… sans grands changements.

Les World’s 50 Best Bars étaient d’autant plus attendus cette année qu’il y avait eu le « SchumannGate » l’année précédente, sur fond de sexisme dans le monde du bar. Concernant l’édition 2020, problème réglé : 50% d’hommes et 50 % de femmes parmi les membres du jury. Mais toujours avec un obscurantisme étrange à l’époque actuelle : « tout le monde sait qui fait partie du jury, mais il ne faut pas le dire« . Quand on sait qu’aujourd’hui le consommateur réclame de la transparence pour tout, jusqu’à connaître la parcelle d’orge utilisée pour son whisky, ça laisse quelque peu songeur autant de mystère… 

D’autant plus que l’on peut sincèrement s’interroger pour le cas en France de la non-présence de bars en province qui ont explosé depuis quelques années. Ils peuvent se comparer avec des bars de ce classement sans sourciller. Ici n’est pas la question de raviver une guerre Paris VS la province. Mais on nous a suffisamment soufflé dans les bronches sur ForGeorges de ne pas assez en parler (chose que l’on a essayé au maximum de rectifier) … 

Mais surtout le principe même du World’s 50 Best Bars en temps de crise, est-il vraiment d’actualité ?

Car il suffit de parler avec quelques bartenders qui sont (ou souhaitent) être dans ce classement pour savoir comment ça se passe. Des frais colossaux en relation presse. Des guests, dès que possible, aux 4 coins du globe (et cela à une époque où l’on demande à chacun de restreindre ses déplacements en avion pour des raisons écologiques…). Le tout saupoudré d’une bonne dose de copinage relationnel (même si on nous dira que ce n’est plus le cas en 2020). 

Annuler la cérémonie cette année aurait certainement été catastrophique financièrement… surtout quand on voit le nombre de sponsors présents durant cette e-cérémonie (une annonce toutes les 1 minute et 30 secondes en moyenne). 

Bien sûr, nous serons pointés du doigt pour lancer un pavé dans la mare alors que cette manifestation permet de mettre la lumière sur le monde du bar. Mais on se pose sérieusement cette question : à l’heure où le tourisme est mort et pour quelques années encore, tout cet argent ne servirait pas mieux à sauver les établissements ? Au lieu de faire comme si de rien n’était et que la crise n’existait pas. D’ailleurs, interrogeons les chiffres : 1 600 personnes en live qui regardent la cérémonie sur Facebook à l’échelle mondiale. Est-ce un bon score ?

Le guide Michelin a beaucoup été critiqué pour se regarder le nombril alors que le monde de la gastronomie changeait. Et aujourd’hui, beaucoup de chefs lui tournent le dos. Il serait dommage que cette manifestation connaisse le même sort… La maison brûle, mais les World’s 50 Best Bars nous demandent de regarder les étoiles.

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Fondateur de ForGeorges - plus de 1 000 bars testés à travers le monde - prend autant de plaisir à tester un nouveau bar, que déguster un spiritueux ou un verre de vin en bonne compagnie ! Spécialiste de la loi Évin et dénicheur de bonnes idées et innovations pour les marques d'alcool ! Son cocktail préféré ? Tous à partir du moment où ils font passer un bon moment (mais ne crache jamais sur un old fashioned bien réalisé ! ). Auteur des livres : Le Whisky C'est pas Sorcier, Le Rhum c'est pas sorcier et Les Cocktails c'est pas Sorcier, aux éditions Marabout et traduits en plusieurs langues (Anglais, chinois, japonais, russe, italien, néerlandais...) Auteur des livres : Le Whisky C'est pas Sorcier, Le Rhum c'est pas sorcier et Les Cocktails c'est pas Sorcier, aux éditions Marabout et traduits en plusieurs langues (Anglais, chinois, japonais, russe, italien, néerlandais...)

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