Aux côtés du croissant, de la baguette, et du béret, l’apéritif fait partie du patrimoine français. Mais si le béret à quasi disparu des rues françaises, l’apéritif (ou apéro pour les intimes) est quant à lui resté un moment de consommation bien ancré dans la culture française ! Pour preuve ? Plus de 89% des français disent organiser régulièrement un apéritif ! Nous avons fait le point sur les caractéristiques de cet art de vivre à la française en interrogeant Aurélie Panhelleux (CopperBay – Paris et Marseille) et Julien Escot (Aperture – Montpellier) pour démêler ce qui caractérise ce moment si particulier, lié à l’art de vivre à la française, ritualisé par près d’un français sur deux chaque semaine ! Un article écrit en collaboration avec Social Shake par Bacardi Martini France.
Une très ancienne histoire de l’apéritif !
Depuis quand les êtres humains prennent-ils l’apéritif ? Si celui-ci est “tendance”, il n’a pourtant rien de nouveau ! On en retrouve des traces depuis les fondements de l’humanité ou presque. Les égyptiens, à l’époque antique, consommaient un moût de céréales fermentées servi tiède nommé Heneqet, accompagné de quelques dates et de fruits secs !
Depuis le moyen âge : l’art de trinquer !
C’est au Moyen- ge qu’apparaît la tradition de trinquer avant de manger ! Un rituel instauré par les seigneurs pour s’assurer que leur verre ne contient pas de poison.
L’inquiétude est si grande que l’on trinque même à deux reprises pour s’assurer que les contenus des verres se mélangent suffisamment, afin d’éviter toute idée d’empoisonner son convive au risque de s’empoisonner soi-même…
Plus tard, ce rituel de trinquer s’associe même à une sonorité que l’on prend l’habitude de dire : « tchin tchin ». Une expression qui nous vient des Britanniques revenus de Chine, qui provient à la base des mots « tsing tsing » et qui signifie « salut » !
Des apéritifs à la française, d’abord « régionalisés »
En France, c’est en Savoie, pays de plantes et d’herbes par excellence, que l’on trouve des traces des premiers apéritifs ! Dans cette région, il est courant de macérer ou distiller ces herbes (absinthe, anis, ou gentiane…). Ce n’est que plus tard que ces breuvages seront consommés dans un but social.
Dans le Sud de la France, Joseph Noilly va révolutionner le vermouth en inventant la catégorie Dry. Il fait macérer des herbes des Pyrénées et du Languedoc dans du vin de la région, créant ainsi son fameux vermouth Noilly Dry en 1811. Une invention qui va connaître un fort écho outre atlantique où son produit sera associé ensuite à l’âge d’or des cocktails américains !
Peu de temps après, l’apéritif moderne a été popularisé, en 1846, par Joseph Dubonnet. Il créa une boisson à base de vin et de quinine pour, soit disant, lutter contre le paludisme. Ayant un goût amer, il utilise une décoction d’herbes et d’épices à la saveur forte pour masquer l’odeur. Sa femme eu l’idée de le servir à ses convives et son succès se propagea comme une trainée de poudre.
Aujourd’hui, comment décrire l’apéritif à la française ?
Pour Julien Escot, propriétaire du bar Aperture à Montpellier, un apéritif à la française commence par la provenance des produits utilisés pour créer ce moment : “un apéritif français, ça commence avec des produits français. Dans le Sud de la France, le Pastis et autres boissons anisées sont très souvent utilisés.”
Un constat que l’on retrouve dans les différentes régions françaises car nous ne buvons pas la même chose selon les régions. La bière est très largement consommée dans le Nord et le Nord-Est. C’est majoritairement le vin en Auvergne-Rhône-Alpes ainsi qu’en Nouvelle-Aquitaine. Les spiritueux restent, eux, très présents dans le triangle Bretagne-Pays de Loire-Normandie.
De nombreuses régions tentent également de mettre au goût du jour des recettes ancestrales de leur terroir (en Bourgogne le blanc cassis met à l’honneur deux ingrédients locaux : le vin blanc Aligoté et la crème de cassis), ou de se (ré)approprier des recettes de cocktails, mais en y ajoutant des produits français.
RECETTE DU HUGO SPRITZ
Ingrédients :
40 ML DE LIQUEUR DE SUREAU ST-GERMAIN
60 ML DE PROSECCO MARTINI
60 ML D’EAU GAZEUSE
8-10 FEUILLES DE MENTHE
QUARTIER DE CITRON VERT
BRIN DE MENTHE
Unité d’alcool : 1.2
L’art de la nourriture !
Pour Aurélie Panhelleux, il ne faut pas oublier de lier l’apéritif à la française avec également une notion plus abstraite : les moments de partage : “C’est un concept qui nous représente beaucoup en France. C’est d’ailleurs pour cela que nos spiritueux s’adaptent bien pour ces moments à plusieurs. »
Des moments d’échange qui passent en France notamment par l’art de la nourriture via l’aspect grignotage qui peut prendre différentes formes.
Aurélie confirme : “ C’est typiquement un apéritif à la française quand on va prendre un verre, et puis finalement ça s’éternise avec des discussions. On mange, mais pas forcément assis.”
Car l’apéritif à la française est un caméléon qui se joue des lieux et des codes. Il peut très facilement troquer son short – tong, pour un costume trois pièces. “un apéritif français peut très bien prendre la forme d’un pastis avec des cacahuètes, que du champagne et des petits fours ! “ précise Julien.
D’ailleurs, si les cacahuètes ont si souvent été associé à l’apéritif à la française, c’était principalement pour assurer un débouché français à un produit colonial, dans la première moitié du 20e siècle ! Le fait que la cacahuète donne soif aux clients (et donc augmente les ventes) lui a permis de prendre une place de choix dans le cœur des bistrotiers français.
Si la cacahuète a eu une belle et longue vie, s’en est bientôt fini pour elle. L’apéritif à la française se réinvente dans son style depuis plusieurs années : le temps des cacahuètes est en train de disparaître au profit des “apéros dînatoires”. Des moments plus chics, plus savoureux ! On recherche l’accord parfait, la saveur cocasse. On n’hésite plus à proposer une planche de fromages locaux, des quiches ou tapas faits maisons. Une tendance qui s’inspire fortement de l’aperitivo à l’italienne et qui fait la part belle à la nourriture !
Un apéritif à la française qui se renouvelle sans cesse !
Mais qu’en est-il du moment pour prendre l’apéritif ? « Traditionnellement, il n’y a pas d’heure pour prendre l’apéritif » indique Julien.
“Mais l’apéritif se réinvente constamment et on peut observer de plus en plus de jeunes prendre l’apéro les soirs au bar avant d’enchaîner sur un restaurant“. Un apéritif qui peut même en devenir un substitut au dîner et qui porte un nom : l’apéritif dinatoire ! Une pratique qui doit aussi son essor dans un contexte financier plus tendu. Il est en effet plus économique de prendre un apéritif dinatoire que de se payer un restaurant, analyse Julien.
Un apéritif à la française qui se renouvelle également pour attirer les jeunes. Fini les boissons trop alcoolisées, aujourd’hui la clientèle demande aussi des boissons non ou moins alcoolisées (No Low en anglais).
Une tendance forte et qui se consolide…
L’apéritif à la française n’est pas prêt de disparaître d’après Aurélie : “La crise du Covid a accentué le fait que les gens ont envie et besoin de moments de partage. Dans l’apéritif, il y a vraiment cette notion de rassembler et de pouvoir échanger. L’apéritif était devenu inconscient, mais le fait d’en avoir été privé durant de nombreux mois, a permis de faire prendre conscience aux français que c’est quelque chose d’important”.
L’apéritif parfait :
Nous avons demandé à Aurélie et Julien de nous décrire leur apéritif parfait.
Aurélie : “l’apéritif parfait, c’est d’avoir plein de gens différents à la table avec des discussions sur tous les sujets avec différents points de vue et qui t’emmènent parfois sur des sujets improbables.”
Pour Julien, tout dépend du moment et des gens : “c’est quelque chose de bon à boire, avec les bonnes personnes et quelque chose à grignoter, mais le format et les boissons peuvent changer à chaque fois. ”
Le futur de l’apéritif à la française ?
Produits moins alcoolisés, voir même sans alcool, retour de l’amertume dans les saveurs plébiscitées par les français, l’apéritif à la française s’adapte pour suivre les goûts et les tendances.
Nous avons demandé aux deux bartenders de sortir leur boule de cristal et de faire leur prévision pour le futur. Pour Julien, l’apéritif va continuer sur cette tendance que l’on voit depuis plusieurs années, c’est à dire boire moins mais mieux : “Les gens auront toujours besoin de l’apéritif, ils ont besoin de se détendre et de relâcher après le travail et boire l’apéro, c’est quelque chose de très important”.
Pour Aurélie, le retour au terroir risque de s’accentuer avec des produits de plus en plus régionaux placés au centre de l’offre : “les gens font plus attention à ce qu’ils boivent ou mangent. D’anciens spiritueux comme les amers font également leur retour. Sans parler des cocktails RTD (prêt à boire) qui arrivent sur le marché. “
En conclusion : qu’est-ce qui caractérise un apéritif à la française ?
Un moment de partage : En France, l’apéritif est considéré comme un moment de socialisation et de détente avant le repas principal. C’est un temps pour se retrouver entre amis ou en famille et discuter autour d’un verre et de petits amuse-gueules.
Alcool léger : Les boissons alcoolisées préférées pour l’apéritif en France sont généralement légères.
Nourriture : L’apéritif français est souvent accompagné d’un assortiment d’amuse-gueules tels que des olives, des chips, des toasts de fromage, des mini quiches, etc.
Style de vie : L’apéritif est considéré comme un élément important du mode de vie français et est souvent associé à la culture gastronomique du pays.
L’apéritif à la française peut être considéré comme un moment de partage, avec des boissons peu ou pas alcoolisées et raffinées, agrémenté de nourriture et surtout de convives !