C’est dans le prestigieux cadre du salon des miroirs dans le 9eme arrondissement de Paris, un de ceux cachés dans les passages de Paris, que nous avions rendez-vous mardi 27 Novembre pour une dégustation de Petit Chablis, Chablis, Chablis Premier Cru et Chablis Grand cru. 52 maisons et domaines étaient présentes, chacun ayant sélectionné uniquement 4 vins. Enrico Bernardo, meilleur sommelier du monde 2004, était présent, même si malheureusement nous sommes arrivés trop tard pour le voir.
Après quelques arrêts, une première remarque générale s’impose : les vignerons du vignoble de Chablis ont passé une année compliquée à cause d’un temps capricieux qui a joué avec leur nerf. En avril, le gel de printemps laisse craindre des dégâts sur des bourgeons tout juste sortis de leur coton, le printemps très humide, engendre une pression sanitaire importante. La floraison se déroule dans des conditions difficiles. Etalée dans le temps, elle donne des grappes aérées avec des baies plutôt petites. Puis il y a eu des épisodes de grêle, touchant plutôt la rive droite du Serein. Ce millésime partait pour figurer dans les annales bourguignonnes comme l’un des plus compliqués. Mais la nature est imprévisible et dès la mi-juillet, l’été devient sec, tellement sec que la maturité des raisins progresse très lentement et que le stress hydrique engendre une concentration dans la baie, concentration du sucre mais aussi de l’acidité. Enfin, en septembre, la météo devient plus clémente aux yeux des vignerons, avec des pluies en tout début de vendanges qui viennent regonfler les baies et le moral des vignerons. La vigne redémarre sous le soleil de septembre et montre un état sanitaire parfait. Visiblement elle profite de cette eau, la quantité comme la qualité de la récolte s’en trouvent confortées. Donc nous voilà rassurés, 2012 est une bonne surprise !
Un détail m’a paru beaucoup plus intéressant : de plus en plus de vignerons du chablisien passent une partie ou la majorité de leur vignes en Bio. Mais étrangement, c’est en tout petit dans les brochures que ceci apparait, aucune mise en avant sur les bouteilles ou les flyers et c’est uniquement en posant la question que l’on trouve sa réponse. Mais pourquoi ne pas plus utiliser ce qui pourrait être un argument supplémentaire? « En 2010, nous débutons la conversion de tout notre vignoble vers la certification en Agriculture Biologique. Cette certification est la suite logique de l’évolution, depuis 2001, de nos méthodes culturales qui tendent vers un plus grand respect de la vigne, de la vendange, de l’environnement et des générations futures » pour le domaine Christian Moreau Père & Fils. Pour le Domaine Laroche, cette année si compliquée au niveau du climat a été un excellent test pour prouver que le bio n’est pas plus fragile qu’une vigne ordinaire et peut même mieux s’en sortir. « Cette année ne fait que confirmer notre choix : accorder une place importante à l’équilibre écologique ».
Donc en effet, même si certains journaux économiques veulent faire croire que le bio restera un produit de niche, il fait plaisir de rencontrer des vignerons qui prennent le sujet en main pour des raisons autre que purement marketing… Nous avons hâte que ça se répande d’avantage !
3 maisons & domaines que nous vous conseillons :
– Domaines Christian Moreau Père & Fils
– Domaine Laroche
– Jean-Marc Brocard (avec une partie en biodynamique également)