Une fois n’est pas coutume, Georges a décidé de pousser un coup de gueule ! En espérant que celui ne reste pas lettre morte, ou en tout cas en espérant qu’il sera relayé afin de soumettre un débat constructif et intéressant.
Pour remettre dans le contexte : le 10 janvier 1991 est adoptée une loi restrictive sur le tabagisme dans les lieux publiques (ce qui n’est pas l’objet de cet article) mais également limite fortement le droit de faire de la publicité pour les boissons alcoolisées afin de protéger les jeunes des opérations de marketing. Sur le fond, cette loi est tout à fait louable et à n’en pas douter part d’un très bon fond de protection de notre pauvre jeunesse inconsciente qui s’enivre jusqu’à plus soif.
Mais est-ce que les résultats sont là ? Si les résultats sur le tabagisme sont au rendez-vous, les choses sont moins évidentes au niveau de la partie « alcool ». Certes la consommation d’alcool est en baisse, mais elle est en baisse depuis 40 ans en France : elle a été divisée par 2 de 1960 à 2000 ! Et le rythme de diminution de la consommation d’alcool sur le territoire français, assez rapide au début des années 2000, s’est ralenti depuis 2005 mais reste orienté à la baisse. Cela à cause de la diminution de la consommation de vin !
Mais plus inquiétant : la tendance de fond apparue plus récemment est le « Binge drinking » : cette pratique qui consiste à atteindre l’ivresse le plus rapidement possible. En France, la moitié des jeunes de 17 ans ont pratiqué le binge drinking au cours des trente derniers jours et ce phénomène ne cesse d’augmenter avec les causes que l’on connaît : mort sur la route, dépendance etc. L’INSEE nous apprend même que chez les jeunes un accroissement des usages à risque chez les hommes comme chez les femmes, en particulier chez les femmes jeunes, entre 18 et 24 ans. Les épisodes d’ivresse au cours de l’année augmentent globalement et ce dans toutes les classes d’âge et quel que soit le sexe.
Donc est-ce que la loi Evin a rempli sa fonction primaire de protection de la jeunesse? Pas du tout et c’est exactement l’effet inverse auquel on assiste !
1. Les marques d’alcool ont compris la combine. Créer des marques dérivées qui reprennent tous les codes graphiques de la marque pour l’emmener sur son terrain de marque .
Rien n’empêche Heineken de créer une marque avec la même typo, le H, les mêmes couleurs et sponsorisées la coupe d’Europe de Rugby. C’est marrant c’est exactement ce qu’elle fait et que vous regardez chaque week-end sur France 2 ou Canal + : la H Cup.
Mais même sur des thèmes plus larges comme la musique, les marques d’alcool répondent présentes:
– Heineken a créé Green Room Session qui a la possibilité de sponsoriser des soirées, vous informer sur les groupes à la mode, les dernières soirées et vous inviter à ces soirées.
– Kronembourg a créé Pression Live lui permettant d’être présent et bien visible sur Rock en Seine notamment.
– Studio N° 7 pour Jack Daniels (bien que sa position soit ambigue et pas encore vu d’évenement en France). Et bien d’autres marques encore.
2. La loi Evin a été inventée alors qu’Internet n’existait pas encore !
Nul besoin d’être un as de l’informatique pour contourner le système, il suffit juste de renseigner anglais ou même belge dans les formulaires de consultation d’un site Internet pour vous retrouver de suite dans un univers beaucoup plus attirant que celui auquel nous sommes habitués (fêtes, mode, musique…). L’univers de la marque est tellement changée que ça en devient presque perturbant de retourner sur une version française par la suite ! Plus simple encore, il suffit de Liker les fans page de marque comme Moet & Chandon Usa ou d’autres pour voir les photos de stars avec une coupe de champagne à la main dans votre newsfeed. Tapez également le nom d’une marque d’alcool dans google Image, et vous ne manquerez pas de voir Scarlett Johansson, une bouteille de champagne en explosion dans la main. Dans un monde où l’information est internationale, il faudrait être fou pour croire que les campagnes de pub vont s’arrêter à nos frontières. Pire, elles se partagent, se postent sur les timelines Facebook comme toutes les choses interdites.
3. Si finalement les producteurs / distributeurs d’alcool avait un rôle d’apprentissage à faire ?
Ceci peut paraître à première vue complètement stupide, ou utopique mais en y réfléchissant un peu plus, est-ce qu’offrir des repères à des gens ne serait pas une stratégie gagnant / gagnant ? Moins d’alcoolisme pourrait devenir synonyme de client plus fidèle et ambassadeur d’un art de vivre autour de la marque ? Ok l’image du VRP d’une célèbre marque anisée alcoolique qui arrosait l’ensemble des boites de nuit et des terrasses de café à la vie dure et à énormément fait de mal au secteur car longtemps considéré comme le seul rempart contre la loi Evin.
Si l’on ne regarde que les chiffres, la loi Evin aura surtout réussi à faire du mal à la filière vinicole, certainement une par laquelle beaucoup de valeurs et d’apprentissage aurait pu se perpétuer ! Apprendre à déguster un verre de vin, connaitre ses origines … Certe ceci est encore possible avec la loi Evin mais comment se battre à armes égales face à de grands groupes qui sponsorisent des soirées étudiantes de façon déguisée (mais où on ne servira que cet alcool) ou en distribuant des tonnes de cadeaux en boite de nuit pour vous pousser à en boire !
Pourquoi le cognac cartonne aux Etats-Unis ou en Chine auprès des jeunes, alors qu’en France il est relayé à un alcool de grand-parent? Combien de fois j’ai pu entendre « Le marché français en pub on s’en moque, ce n’est plus notre priorité ». Et en effet, comment en vouloir à une marque de pensée stratégie internationale et de devoir payer en plus pour s’adapter au marché français de façon contraignante pour des résultats plus que limités.
Au final cet article ne demande pas une abrogation de la loi Evin, mais une réelle remise en question en 2013 des choses qui peuvent nous permettre de montrer alcool et plaisir sans tomber dans l’excès.
Permettons à la publicité à destination du marché français d’être créative, glamour, ambitieuse et surtout responsable ! Faisons de la nouvelle génération française les ambassadeurs du savoir vivre des produits français ! On apprend bien le français et les maths, à l’école! Pourquoi n’apprendrions-nous pas à déguster? ça s’apprend également !
Excellent article je trouve!!
Merci Xav ! N’hésitez pas à le relayer autant que possible afin que cette loi puisse finir par évoluer.