Les marques d’alcool et Instagram : « Instagram c’est génial, tout le monde est dessus et ça nous rapporte des milliers de likes » un chef de marque d’une marque d’alcool il y a quelques semaines. Et en effet tout y est pour qu’Instagram soit la grande terre promise (comme l’avait été Facebook il y a quelques années avant de sombrer) : des consommateurs présents en nombre (35% ont entre 25 et 34 ans ; 17% entre 35 et 44 ans ; 8% ont 45 ans et plus), une mise en avant de l’image, etc, etc.

Marques d’alcool et Instagram, le far west moderne ?

Devant tant de possibilités et d’opportunités, Instagram est devenu assez vite la Cour des Miracles où le beau et bon contenu côtoie souvent le pire. Surtout lorsqu’il s’agit de la loi Evin. Certains comptes ont assez vite engrangé des communautés importantes qui suivent leur style de vie (en même temps qui n’irait pas suivre le quotidien d’un ou d’une mannequin plutôt bien gaulé(e) ? Et c’est là où les choses partent en sucette… Car en France, et vous devez commencer à le savoir, la loi Evin est là et les alcooliers ne peuvent pas faire ce qu’ils veulent. Pour contourner le problème, et s’attirer une visibilité maximale, les marques d’alcool ont donc décidé d’infiltrer ces Instagrameurs : une grosse somme d’argent et quelques voyages contre une visibilité (généralement un post sous forme de belle photo). Rien de nouveau : c’est d’ailleurs ni plus ni moins ce que la presse traditionnelle propose lorsqu’elle demande de l’achat média sur le support en échange d’un bel article sur le domaine / sur la marque. La visibilité ça se vend.

 

Alors il est où le problème ? Viens-en au fait !

Le problème entre les marques d’alcool et Instagram :  c’est que ces Instagrameurs lifestyle n’y connaissent rien à la Loi Evin (en même temps chacun son métier, d’autres n’y connaissent rien en fringues) et donc n’hésitent pas à se mettre à moitié à poil au bord de la plage avec leur bouteille sur le torse (ça pour le nombre de likes de midinettes en chaleur, c’est le top, paraît-il).

Quand d’autres proposent de faire gagner des bouteilles d’alcool sur leur compte. Pourtant des marques d’alcool ont déjà été condamnées pour faire gagner des bouteilles à cause de la loi Evin… L’année dernière, on recevait sur ForGeorges une demande par jour de marques qui nous proposaient de faire gagner des bouteilles sur le compte ForGeorges. Le plus drôle ? Les réponses que l’on recevait des agences et des marques lorsqu’on émettait le doute que ce genre d’opération soit Loi Evin compatible : « La Loi Evin ne s’applique pas sur Instagram« , ou encore : « En cas de problème, tu diras que c’est une bouteille à toi « .
Champion du monde les gars.

 

Vous imaginez de la pub pour de l’alcool dans Mickey magazine ?

Rien que la lecture du titre de ce chapitre vous semble aberrant ? Outre l’aspect illégal, qui aurait l’idée de faire ça ? C’est pourtant ce qu’il se passe de plus en plus souvent. On trouve un instagrameur / une instagrameuse entre 18 et 20 ans  avec une belle communauté bien engagée (car à cet âge-là, on a le temps de passer toute la journée sur Insta et liker tout ce qui bouge). On le fait poser comme d’habitude, mais avec la bouteille d’alcool / la canette / le cocktail. Et ensuite on compte les likes et on s’auto touche la nouille comme quoi l’opé était une putain de réussite. Ce qu’on oublie ? De regarder la moyenne d’âge des likes. Et là, il n’y a pas besoin d’être physio en boîte de nuit pour voir clairement que la majorité des likes proviennent de personnes mineures.

Quand les journalistes TV s’emparent du sujet.

Comme d’habitude il a fallu que les marques jouent avec le feu pour finir par se brûler. Cela fait un an que l’on explique qu’il y a un souci sur le sujet, mais apparemment la profession n’est pas capable de faire le tri lui-même dans ses pratiques (« plus on vend, plus on est heureux… »). Un premier reportage sur France 2 le 15 janvier et un autre le 19 février sur France 3 (à la suite de l’article ) dénoncent le sujet.

Il n’y a pas une journée où un article de presse ne sort sur les méfaits de l’alcool sur la santé. Là où les marques d’alcool et Instagram auraient pû être une success story et un terrain de créativité un peu plus souple, eh bien non, les législateurs vont s’emparer du sujet, car aucune autocensure n’aura été posée par les marques elles-mêmes.

 

Author

Fondateur de ForGeorges - plus de 1 000 bars testés à travers le monde - prend autant de plaisir à tester un nouveau bar, que déguster un spiritueux ou un verre de vin en bonne compagnie ! Spécialiste de la loi Évin et dénicheur de bonnes idées et innovations pour les marques d'alcool ! Son cocktail préféré ? Tous à partir du moment où ils font passer un bon moment (mais ne crache jamais sur un old fashioned bien réalisé ! ). Auteur des livres : Le Whisky C'est pas Sorcier, Le Rhum c'est pas sorcier et Les Cocktails c'est pas Sorcier, aux éditions Marabout et traduits en plusieurs langues (Anglais, chinois, japonais, russe, italien, néerlandais...) Auteur des livres : Le Whisky C'est pas Sorcier, Le Rhum c'est pas sorcier et Les Cocktails c'est pas Sorcier, aux éditions Marabout et traduits en plusieurs langues (Anglais, chinois, japonais, russe, italien, néerlandais...)

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