Il y a des marques qui naissent dans des laboratoires marketing, avec des logos testés en focus group et des slogans aseptisés. Et puis il y a Ilegal Mezcal, une histoire de contrebande, de copains et de nuits moites au Guatemala. Oui, ce mezcal venu d’Oaxaca ne doit pas son nom au hasard. Il est né illégal – littéralement – et c’est justement ce qui fait tout son charme.

Une naissance en douce, un esprit punk

Le décor ? Antigua, Guatemala, début des années 2000. John Rexer, un Américain exilé, ouvre le Café No Sé, un bar à l’ambiance bohème et un brin rebelle. Il veut y servir du bon mezcal, mais impossible d’en trouver. Qu’à cela ne tienne : il traverse la frontière mexicaine et fait passer des bouteilles planquées dans des sacs à dos, et parfois même dans des manches de guitare ! Une contrebande artisanale qui donne naissance à une légende : Ilegal Mezcal. 

D’abord destiné aux clients du bar, le spiritueux finit par séduire les États-Unis. Puis le monde. En 2006, la marque est officiellement lancée, mais sans jamais renier ses origines ni son attitude. C’est toujours “No bullshit, just mezcal.”

 

Un mezcal artisanal et sans compromis

Aujourd’hui, Ilegal Mezcal est toujours produit à Santiago Matatlán, au cœur d’Oaxaca, par la famille Hernández – mezcaleros depuis quatre générations, à la palenque Mal de Amor. 

Vers 2014,  John  a  commencé  à  travailler avec  les  mezcaleros de quatrième génération Armando et Alvaro Hernandez, des frères nés au Mexique qui, dans leur jeunesse, avaient traversé la frontière américaine sans papiers et travaillé dans des bars et des restaurants de Los Angeles pour envoyer de l’argent à leur  famille restée au pays.

Réalisant que les bars où ils travaillaient vendaient des shots de mezcal pour 10 dollars, alors qu’une bouteille entière était vendue pour beaucoup moins au Mexique, ils ont pris la décision de rentrer chez eux et de rouvrir la palenque (distillerie) de leur famille, Mal De Amor.

La production est certifiée artesanal : agave Espadín récolté à pleine maturité (40 brix), cuisson lente pendant cinq jours dans des fosses tapissées de pierres de rivière et chauffées avec du bois d’encino (chêne local certifié durable), broyage à la tahona (grande meule en pierre), fermentation naturelle entre 7 et 10 jours dans des cuves en pin de 1500 litres à l’air libre, et double distillation (une première fois avec les fibres, et la seconde, uniquement avec le liquide) en alambics en cuivre de 250 litres.

Pas de levures commerciales, pas d’additifs, pas de triche. Juste de l’agave, du feu, du temps, et du savoir-faire.

Une success story qui reste proche du peuple

Le partenariat entre John Rexer et les Hernández n’est pas juste business. C’est une aventure humaine. Aujourd’hui, plus de 100 chefs de famille participent à la production. Un impact local positif et concret : amélioration des conditions de vie, transmission des savoir-faire, respect de l’environnement (5 % des agaves sauvages sont laissés à l’état naturel pour favoriser la biodiversité).


Reposado et Anejo non disponible pour le moment sur le marché français
.

Une gamme minimaliste, mais qui fait mouche

À l’international, trois expressions sont disponibles. 

    • Joven : le mezcal pur et non vieilli. Un nez minéral, des touches d’agrumes et de piment chiltepe, et cette fumée subtile typique du four traditionnel.

    • Reposado : vieilli 6 mois en fûts de chêne américain. Il balance entre caramel au beurre, girofle et orange amère. Doux et épicé.

    • Añejo : 13 mois de repos pour un spiritueux profond et complexe. Chocolat noir, érable, clou de girofle et une pointe d’agave sucré.

Le packaging ? Brut, sans fioritures. L’étiquette est manuscrite, le flacon simple, le message clair.

En France, c’est l’expression Joven qui est progressivement déployée sur le marché depuis fin Mai 2025.  

Mezcal vs Tequila : cousins, pas jumeaux

On confond souvent mezcal et tequila, mais attention : si tous deux sont des spiritueux mexicains à base d’agave, leurs profils sont bien distincts. La tequila vient principalement de l’État de Jalisco et utilise exclusivement l’agave Blue Weber, cuite à la vapeur dans des fours en brique ou en inox. Le mezcal, lui, est majoritairement produit à Oaxaca et peut être élaboré à partir de plus de 40 variétés d’agave, même si l’Espadín domine.

La différence majeure ? La cuisson. Pour le mezcal artesanal, on enterre les piñas (cœurs d’agave) dans des fosses tapissées de pierres chaudes et de braises : un procédé historique qui confère au mezcal ses fameuses notes fumées. Le broyage se fait à la tahona ou au mazo (un maillet), la fermentation se déroule à l’air libre, et la distillation se fait en alambic en cuivre. On est dans le rustique noble, dans le goût brut et profond.

En bouche, la tequila est souvent plus douce et fruitée ; le mezcal, lui, joue sur une palette plus terreuse, minérale et fumée, avec une vraie richesse aromatique. Bref : même racine, mais deux univers bien distincts. Et quand on a goûté un bon mezcal comme Ilegal, on ne revient plus en arrière.

Le mezcal, star montante du backbar

La folie mezcal explose en Europe, portée par l’essor des cocktails artisanaux et de la cuisine mexicaine haut de gamme. Entre désindustrialisation des goûts et recherche d’authenticité, ce spiritueux fumé et terrien coche toutes les cases. Et Ilegal, avec son positionnement super premium, se place comme la marque de mezcal la plus valorisée au monde (source : IWSR 2022).

Des cocktails à base d’Ilegal Mezcal à tester 

Tommys Mezcalita

Ingrédients :

    • 4 cl d’Ilegal Joven
    • 2 cl de sirop d’agave
    • 2 cl de jus de citron vert

Préparation :

Secouer tous les ingrédients avec de la glace et filtrer dans un verre old fashioned rempli de glaçons.

Optionnel : ajouter un rim sel/piment sur le bord du verre.

Mezcal Paloma

Ingrédients :

    • 4 cl d’Ilegal Joven
    • 2 cl de jus de citron vert
    • 0,5 cl de sirop d’agave (optionnel)
    • 8 à 10 cl de soda pamplemousse

Préparation :

Verser les ingrédients dans un verre highball rempli de glaçons, compléter avec le soda. Garnir d’un quartier de pamplemousse.

Mezcal Negroni (Negroni Oaxaqueño)

    • 3 cl d’Ilegal Joven
    • 3 cl de Martini Riserva Speciale Bitter
    • 3 cl de Martini Riserva Speciale Rubino

Préparation :

Remuer dans un verre à mélange avec de la glace. Servir dans un verre old fashioned sur glace. Garnir d’un zeste d’orange.

Oaxaca Old Fashioned

Ingrédients :

    • 4 cl d’Ilegal Joven
    • 0,5 cl de sirop d’agave
    • 5 Dashs de Bitter End Mexican Mole

Préparation :

Remuer tous les ingrédients dans un verre à mélange avec de la glace. Verser dans un verre old fashioned sur un gros glaçon. Garnir d’un zeste d’orange.

Naked & Famous

Ingrédients :

    • 2,5 cl d’Ilegal Joven
    • 2,5 cl de bitter italien
    • 2,5 cl de Chartreuse jaune
    • 2,5 cl de jus de citron vert

Préparation :

Secouer tous les ingrédients avec de la glace, filtrer et servir dans une coupe refroidie.

Derrière le rachat, l’esprit reste libre

Oui, Bacardi a racheté la marque en 2023. Mais les fondateurs assurent garder le contrôle créatif. La production reste fidèle à Oaxaca, artisanale, à taille humaine. Pour le moment, rien n’a changé : le feu est toujours allumé dans les fours,la tahona broie toujours de façon artisanale, et le mezcal coule droit, sans détour. Fidèle à sa devise « Sin Prisa » – sans se presser – la marque revendique un rythme lent et maîtrisé, où chaque étape compte et où la qualité prime sur la quantité.

Pourquoi on l’adore

Ilegal Mezcal n’est pas seulement un bon produit, c’est une attitude. C’est la bouteille qu’on sort pour surprendre, séduire, ou philosopher en terrasse. C’est une gorgée de liberté, un hommage aux racines, un clin d’œil à ceux qui refusent le formaté.

Ilegal est né dans un bar clandestin et a conquis le monde sans jamais se renier.

Et franchement, dans un monde trop souvent aseptisé, ça fait du bien.

Author

Fondateur de ForGeorges - plus de 1 000 bars testés à travers le monde - prend autant de plaisir à tester un nouveau bar, que déguster un spiritueux ou un verre de vin en bonne compagnie ! Spécialiste de la loi Évin et dénicheur de bonnes idées et innovations pour les marques d'alcool ! Son cocktail préféré ? Tous à partir du moment où ils font passer un bon moment (mais ne crache jamais sur un old fashioned bien réalisé ! ). Auteur des livres : Le Whisky C'est pas Sorcier, Le Rhum c'est pas sorcier et Les Cocktails c'est pas Sorcier, aux éditions Marabout et traduits en plusieurs langues (Anglais, chinois, japonais, russe, italien, néerlandais...) Auteur des livres : Le Whisky C'est pas Sorcier, Le Rhum c'est pas sorcier et Les Cocktails c'est pas Sorcier, aux éditions Marabout et traduits en plusieurs langues (Anglais, chinois, japonais, russe, italien, néerlandais...)

S’abonner
Notification pour
guest

0 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires

NOUVELLE Newsletter

Gratuite, une fois par semaine, avec les actualités cocktails et spiriteux à ne pas louper, le tout à la sauce ForGeorges !


0
Nous aimerions avoir votre avis, veuillez laisser un commentaire.x