Il existe des rhums qui interpellent soit via leur packaging, via une dégustation, ou encore, car on nous en a dit le plus grand bien. Et il y a Compagnie des Rhums, ou pour le coup, ce fut pour les trois raisons citées précédemment. Des bouteilles qui envoient du lourd esthétiquement, un contenu qui ne laisse pas indifférent, et des personnes qui deviennent dingues des produits de cette marque et qui nous disent toutes les semaines qu’il faut absolument testé. Donc on a interviewé Florent Beuchet, le créateur de Compagnie des Indes pour qu’ils nous en disent plus sur ses rhums !

Peux-tu nous présenter ton parcours ?

Issu d’une famille Bourguignonne, j’ai dès le départ été éduqué par le monde du vin. C’est donc tout naturellement que je me suis orienté dans les vins et spiritueux. Après avoir obtenu un master en commerce international des vins et spiritueux à la Burgundy School of Business de Dijon, une très belle opportunité s’est offerte à moi ; j’ai eu la chance de devenir ambassadeur de la marque Banks 5 Island Rum à New York et j’ai ainsi basculé du côté obscur de la force préférant alors le monde des spiritueux à celui du vin.

Comment es-tu tombé dans le monde du rhum ?

Je suis donc parti faire mes preuves dans le marché le plus concurrentiel au monde pour les vins et spiritueux : New York. Pendant 18 mois, j’ai eu la chance de côtoyer les plus grands barmen et de vrais aficionados de rhum avec qui j’ai beaucoup appris. C’est pourquoi à mon retour en Europe (fin 2013), j’ai décidé de devenir embouteilleur indépendant et lancer ma marque de rhum (début 2014).

Peux-tu nous présenter la philosophie de la Compagnie des Indes ? Et d’ailleurs pourquoi ce nom ?

La marque est née de la volonté de casser les idées reçues autour du rhum et de promouvoir des rhums authentiques, représentatifs de leurs terroirs d’origine. A mes débuts, il aurait été beaucoup plus facile de proposer des rhums plus commerciaux (trafiqués avec des extraits de vanilline, de forts ajouts en sucre et colorants….), mais j’ai pris le parti inverse, celui de rester fidèle à mes valeurs. J’ai donc travaillé autour de la notion de terroir, une notion chère à ma contrée d’origine ; la Bourgogne.

Avec Compagnie des Indes, on a l’assurance d’un produit authentique. D’un fût à un autre, d’une distillerie à une autre ou encore d’un pays à un autre, mes rhums expriment un caractère et une identité qui leur est propre et reconnaissable, leur terroir !

rhum boulet de canon compagnie des indes

Comment sélectionnes-tu les rhums qui rentrent dans la collection de la compagnie des Indes ?

Début 2017 j’ai effectué un voyage de 30 jours dans les Caraïbes et en Amérique Latine : j’ai visité dans 9 pays, plus de 30 distilleries afin de partir à la rencontre de mes producteurs, découvrir et sélectionner des rhums de qualité, pour certains très originaux. Je pense au rhum du Salvador que je viens tout juste d’embouteiller (novembre 2018), je suis le premier embouteilleur indépendant à en proposer en single cask. Il en va de même pour le rhum d’Indonésie embouteillé en 2015.Pour moi c’est l’élégance et l’harmonie que je cherche à mettre en avant dans les rhums de Compagnie des Indes. Je ne veux pas qu’un arôme soit trop présent. Comme ce que j’ai appris au cours de mon master dans les vins, on recherche un équilibre et une balance.

Dans quels pays tes produits sont-ils disponibles ?

Beaucoup en Europe (France, Allemagne, Royaume-Uni, Espagne, Italie, Belgique, Danemark, Pologne, Suisse, Andorre…) puis sur le grand export comme Hong-Kong, le Japon L’Australie, le Canada etc…

On voit un vrai engouement des moins de 50 ans pour le rhum, comment l’expliques-tu ?

Le rhum jouit d’une image plus festive, plus « fun » que d’autres spiritueux tel que le whisky par exemple. Les marques lancées ces dix dernières années ont fait le choix d’un marketing ciblant un public plus jeune, capitalisant sur le succès des rhums arrangés et des cocktails faciles à boire type punchs, et autres classiques comme le Mojito ou la pina colada.

Beaucoup de ces marques proposent des rhums plutôt sucrés, liquoreux et riches en arômes ajoutés donc très facile d’accès pour un palais non initié. Ceci dit, ce premier goût pour le rhum a également permis de faire découvrir la richesse et l’authenticité d’autres marques à ces mêmes consommateurs par la suite. Enfin, les amateurs commence avec des rhums entrée de gamme et facile, mais leurs palais s’éduquent et rapidement ils cherchent à le surprendre et à le satisfaire avec des arômes plus vrais et plus puissants, ceux que l’on retrouve dans des spiritueux authentiques et non trafiqués.

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Peux-tu donner des conseils à nos lecteurs sur comment reconnaître un bon rhum, d’un rhum dopé au sucre et arômes artificiels ?

Tout d’abord il faut savoir que 80% des spiritueux vendus en grande surface contiennent du colorant caramel (scotch whiskies, Armagnacs, Cognacs, Calvados, rhums etc.).

Il faut se méfier des spiritueux très colorés, cette couleur caramel ou ambré n’est pas forcément signe de richesse aromatique ou de qualité, elle est souvent plutôt le signe d’un ajout (massif) de colorants… pourquoi ? pour faire croire au consommateur qu’un spiritueux plus foncé est forcément plus vieux et donc PLUS CHER !

Quelques indications peuvent également vous mettre la puce à l’oreille : toutes les mentions systema solera, riserva, aniversario et XO ne sont qu’un pur outil marqueting pour exemple la mention XO n’a de valeur que s’il s’agit de rhums de Martinique où elle garantit effectivement un âge minimum, car ces derniers sont protégés par une AOC. De même les mentions « spiced rum », « rhum épicée », « rhum vanille » etc. signifient qu’on y a ajouté des arômes.

À côté de la compagnie des Indes, quels sont tes autres projets ?

Compagnie des Indes m’a permis de visiter les meilleurs bars à cocktails du monde et m’a poussé à concrétiser un rêve né de mon expérience à New York. J’ai ainsi ouvert avec des amis un bar à cocktails à Dijon ; Monsieur Moutarde qui offre la plus grande sélection de spiritueux de la ville et les meilleurs cocktails je l’espère.

J’ai également repris la marque « Reyon », une marque de marcs et fines de Bourgogne.

Enfin pour 2019 c’est le lancement d’une marque de whisky français qui devrait voir le jour. Projet sur lequel je travaille depuis plus d’un an déjà, sourcant les fûts, définissant et développant son identité.

Fort de mon expérience avec la marque Compagnie des Indes et de mes multiples master et formations en distillation et fermentation, j’accompagne de jeunes marques / distilleries sur des projets précis (création de l’outil de production, sélection des alambic, mise en ouvre d’un plan de vieillissement, conduite de la fermentation de canne…)

Monsieur Moutarde Dijon

Comment imagines-tu la compagnie des Indes dans 20 ans ?

Mon rêve serait en parallèle de mon activité d’embouteilleur indépendant, d’avoir ma propre distillerie et ainsi maîtriser la chaîne de production de bout en bout. Je dis bien en parallèle de mon activité actuel car seul un embouteilleur indépendant peut proposer une offre aussi riche et diverse que celle de Compagnie des indes.

Si tu devais donner une référence parmi tes produits que nos lecteurs doivent absolument tester, ça serait laquelle et pourquoi ?

Selon moi, le meilleur rapport qualité prix est le Jamaica Navy Strength 5 ans d’âge embouteillé à 57°. Un rhum peut être difficile à dompter de prime abord parce que très expressif. Ce blend allie une bouche expressive mais aussi ronde et suave avec un alcool parfaitement assimilé, qui ne brûle pas et surtout une fin de bouche interminable avec ses 57°. Il ravie le palais des novices comme des amateurs avertis.

Enfin, mon rhum préféré n’est peut-être pas celui de tous. C’est aussi la chance d’avoir une gamme aussi vaste que la mienne en balayant tous les types de rhums pour ravir tous les consommateurs. Il y en a pour tous les goûts et tous les budgets chez Compagnie des Indes.

Pour toi quel est ton meilleur moment pour déguster un rhum de la compagnie des Indes ?

Tout dépend du rhum de la compagnie des indes ; si on parle des blends qui pour la majorité sont plutôt versatile alors je pencherais pour un apéritif entre potes, après une partie de pétanque, à discuter de tout et de rien, à se raconter des blagues avant de se faire un bon Barbecue en été.

Si on parle d’un single cask « Brut de fût » plutôt charnu, expressif et puissant, alors, j’opterais pour une soirée d’hiver passée dans un salon devant la cheminée avec un ami en jouant aux cartes, après un repas copieux.

 

 

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Fondateur de ForGeorges - plus de 1 000 bars testés à travers le monde - prend autant de plaisir à tester un nouveau bar, que déguster un spiritueux ou un verre de vin en bonne compagnie ! Spécialiste de la loi Évin et dénicheur de bonnes idées et innovations pour les marques d'alcool ! Son cocktail préféré ? Tous à partir du moment où ils font passer un bon moment (mais ne crache jamais sur un old fashioned bien réalisé ! ). Auteur des livres : Le Whisky C'est pas Sorcier, Le Rhum c'est pas sorcier et Les Cocktails c'est pas Sorcier, aux éditions Marabout et traduits en plusieurs langues (Anglais, chinois, japonais, russe, italien, néerlandais...) Auteur des livres : Le Whisky C'est pas Sorcier, Le Rhum c'est pas sorcier et Les Cocktails c'est pas Sorcier, aux éditions Marabout et traduits en plusieurs langues (Anglais, chinois, japonais, russe, italien, néerlandais...)

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[…] année à croître sans perdre ce qui fait son charme : la convivialité. Avec un intérêt pour le rhum qui ne cesse de croître en France (et pas seulement), on peut s’attendre à une édition 2020 […]

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[…] connaissais Florent Beuchet via des salons professionnels, un des associés de Monsieur Moutarde qui a fondé aussi La Compagnie […]

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