Medellin Paris, un nom qui sonne familier aux fans de Narcos, la série Netflix qui cartonne. Entre un animateur radio qui dérape sur France Inter, une figure du bar qui dénonce l’endroit, des ambassadeurs du bar qui boycottent l’endroit, retour sur un top qui a fait flop.

Medellin Paris : bienvenue dans le Paris bourgeois qui s’encanaille

Le Baron, célèbre boîte de nuit de l’avenue Marceau, popularisée par l’artiste André à Paris, a fermé ses portes en 2016 (même s’il a continué quelques temps sous le même nom, mais avec un changement de direction). Il avait laissé derrière lui la réputation de la boîte de nuit la plus branchée de Paris.

Prenez le même endroit, et mettez-y un concept dans l’air du temps : la Colombie version Narcos. C’est à dire du sexe, de la drogue, et de l’argent. Ou tout du moins, laissez croire que c’est ce qui s’y passe. Comment ? En inventant le « mojito le plus cher du monde à la poudre magique », ou encore en mettant des noms de cocktails comme siccarios (le nom des tueurs à gages, notamment utilisés par Escobar). Ajoutez-y une entrée secrète pour faire croire que vous êtes dans un speakeasy, et la fameuse phrase d’Escobar (plata o plomo). À oui, et aussi une tombe de Pablo Escobar… Que du bon goût.

Medellin Paris bar

De la prospérité… à la calamité

En fait, ce genre de concept aurait tout à fait pu rester anonyme. Paris regorge d’ailleurs de concepts plus catastrophiques destinés à distraire la riche et jeune bourgeoisie parisienne avec des idées tombées du camion. Mais, le lieu a connu son heure de gloire quand Frederic Beigbeder a fait sa matinale sur France Inter encore alcoolisé, totalement à l’arrache, et préférant parler de sa folle soirée à Medellin paris, le nouveau bar colombien où il a pu déguster un « hijo de puta« , un taco au caviar… C’est marrant, car les auteurs qui ont laissé une trace dans l’histoire littéraire pouvaient se permettre ce genre de déboire, mais il avait au moins la classe de le faire dans des endroits exceptionnels, et de ne pas s’en vanter le lendemain.

Forcément, la scène a fait le buzz, puisqu’elle a coûté son poste à Beigbeder de France Inter. Et les plus curieux ont été voir qu’elle pouvait bien être cet endroit si étrange… Puis une figure du bar parisien et international Carino Soto Velásquez (Candelaria Paris, Les grands Verres), colombienne d’origine s’est indignée devant un concept qui valorise une guerre qui fait encore des milliers de morts en Colombie aujourd’hui.

Peut-on vraiment faire des concepts de bar sur tout et n’importe quoi ?

La question se pose pour Medellin Paris. Forcément on se souvient des deux Lyonnais qui se sont fait incendier avec leur concept Plantation bar (qui était une maladresse, mais où tout le monde a voulu y voir du racisme, car mettant en avant l’esprit colonial…). Peut-on vraiment valoriser le terrorisme ? Car Escobar était un terroriste. Peut-on valoriser une dictature ? Bien sûr, nous sommes en France et la liberté d’expression est un droit essentiel.  Mais lorsqu’on vient à en glorifier un terroriste dans les quartiers chics de la capitale française uniquement pour faire parler de l’endroit, on touche une corde sensible. D’ailleurs comment les marques qui sont distribuées dans cet endroit se sentent-elles par rapport à cela ? Mis à part quelques ambassadeurs de marque qui ont fait part de leur dégoût sur Facebook, aucune des marques contactées n’a donné suite à nos demandes, ou expliquant laconiquement qu’ils ne peuvent pas interdire un bar d’acheter leurs alcools…

Bar Paris

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Fondateur de ForGeorges - plus de 1 000 bars testés à travers le monde - prend autant de plaisir à tester un nouveau bar, que déguster un spiritueux ou un verre de vin en bonne compagnie ! Spécialiste de la loi Évin et dénicheur de bonnes idées et innovations pour les marques d'alcool ! Son cocktail préféré ? Tous à partir du moment où ils font passer un bon moment (mais ne crache jamais sur un old fashioned bien réalisé ! ). Auteur des livres : Le Whisky C'est pas Sorcier, Le Rhum c'est pas sorcier et Les Cocktails c'est pas Sorcier, aux éditions Marabout et traduits en plusieurs langues (Anglais, chinois, japonais, russe, italien, néerlandais...) Auteur des livres : Le Whisky C'est pas Sorcier, Le Rhum c'est pas sorcier et Les Cocktails c'est pas Sorcier, aux éditions Marabout et traduits en plusieurs langues (Anglais, chinois, japonais, russe, italien, néerlandais...)

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Carlos
Carlos
5 années il y a

Absolument indécent de faire l’apologie à la violence et au narcotrafic. Pablo Escobar et ses tueurs à gage ont tués et massacrés des milliers de colombiens. Ouvrir un bar qui fait l’apologie de ce genre de personnage est comparable à ouvrir un bar en faisant l’apologie à des personnages néfastes dans l’histoire comme Hitler ou plus récemment les assassins qui ont mené les attentats à Paris à Charlie Hebdo, l’Hyper Cacher ou le Bataclan. Il est où l’esprit critique de la France pour discerner ce genre de message néfastes pour nos enfants? Alors maintenant nos enfants vont donc grandir avec l’image d’un narcotrafiquant socialement acceptée qui s’est vanté de tuer à des milliers de personnes innocentes??? Une véritable honte qu’il y est des endroits comme celui-là à Paris mais encore plus honteux qu’il y ait des personnes qui s’y rendent pour se prendre en photo avec une image d’un des plus grand assassins de tous les temps. Honte à eux!!!

Tellier
Tellier
5 années il y a

C’est affligeant. Mon épouse est Colombienne comme une bonne partie de mes amis et ça ne les à pas faits rire mais alors pas du tout. N’oublions pas qu’Escobar, en plus d’un chef de cartel, était un terroriste (Attentat du vol Avianca 203 en 1989 : 110 morts pour ne citer que celui-là).
Les sicarios (Assassins) qui deviennent des noms commerciaux ne doivent pas faire oublier leur sens. Un exemple : Popeye, bras droit d’Escobar, c’est plus de 3000 assassinats commandités et 250 assassinats de ses propres mains.

Alors si le doux souvenirs de celle belle époque que vous n’avez pas vécue vous fait rêver et que vous êtes prêts à vous faire servir le mojito à la poudre magique le plus cher du monde par une serveuse en gilet pare-balle, vous avez indéniablement très bon goût mais bien peu de culture.
Je vous invite à traduire le nom des autres cocktails par vous-même.

Avant d’y aller parceque c’est the Place to be, pensez que la prochaine fois, dans la logique de vos soirées à thèmes, vous pourrez peut-être aller boire un bière servie par un serveur en tenue de SS dans un club à l’ambiance bunker, ou un thé à la menthe servi par un faux djihadiste dans une fausse grotte, et pourquoi pas vous faire servir une assiette vide dans un faux camp de concentration hein? La fête n’en serait plus folle…
Sachez que de nombreux articles de presse colombiens et des pétitions ont été publiés sur cet établissement qui fait tâche et honte.
Ne jouez pas avec la mémoire de ceux qui ont vécu la peur et la mort. Fuyez, pauvres fous…

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