Une distillerie tout aussi compliquée à atteindre que son nom est difficile à écrire. Une route étroite, des virvaillons, des fossés dangereux… On en vient à douter d’être dans la bonne direction. Soudain un fût disposé sur le bas côté nous indique qu’il ne reste plus qu’un mile avant d’arriver. La météo est passée à la vraie pluie écossaise qui tombe abondamment et nous empêche de profiter pleinement de la vue qui semble sublime. Le chemin tourne sur la droite, devient pentu. On croise une biche égarée, et on aperçoit enfin l’entrée de la distillerie Bunnahabhain ! D’immenses bâtiments sur la droite, dans le style des châteaux bordelais. Quelque peu perturbant… Un peu plus loin, une jetée. Quand on voit les petites routes, on se dit que les chargements et déchargements doivent se passer ici. « Pas du tout, tout passe par la route » nous corrigera Paul Hathaway, notre guide pour la visite. Georges se dit soudain « Heureusement que nous n’avons pas croisé un camion… »

Mais à l’origine, oui, tout venait par la mer. Ce n’est pas pour rien que le blason de la distillerie représente un capitaine à la barre de son navire. Tout est encore un peu mystérieux ici. On ne sait plus vraiment ce qui tient du mythe ou de la réalité… Même la marque a des doutes sur certains points. « Sur les 4 alambics, nous pensons qu’il y en a 2 originaux qui datent de l’ouverture de la distillerie en 1881, mais nous n’avons aucune preuve de cela » nous explique Paul. Ce qui est sûr, c’est que les 6 washbacks en bois sont d’une contenance de 110 000 litres chacun et que le plus vieux whisky disponible ici datent de 1977. C’est d’ailleurs dans ces chais que dort une partie de Black Bottle, le blend de la distillerie.

Il est temps pour nous de nous diriger vers la salle de dégustation, jouxtant la côte, dans un style typiquement écossais. Avec cette pluie fouettant les fenêtres, on se croirait à l’intérieur d’un navire affrontant la tempête. Au programme, un Bunnahabhain 12 ans d’âge « un whisky qui convient parfaitement aux femmes » nous explique Paul. Il est temps de passer au Bunnahabhain 18 ans. Une vraie légende ici, et le coup de cœur de la gentille hôtelière avec laquelle nous avions discuté de la distillerie le matin même. La couleur est plus foncée, la force plus présente en bouche avec un final plus épicé. Désormais passons aux tourbés : Toiteach Single Malt Islay 46° tourbé, un whisky moelleux et intensément fumé.

Et enfin Cruach Mhona qui signifie « pile de tourbe » en gaélique, cassant la tradition avec les Bunnahabhain légèrement tourbés. On regarde par la fenêtre l’île de Jura qui se dégage peu à peu tout en dégustant…

Il est temps de partir. Déjà. Et avec une forte émotion. On était arrivés sur Islay et Jura avec une pointe d’appréhension, on en part avec une larme à l’œil et une pointe de mélancolie dans le cœur. Une belle aventure humaine partagée avec son ami AlphaRe. Mais Georges reviendra, tout est si beau, si bon et si humain. Tellement d’autres distilleries à visiter, de gens extraordinaires à rencontrer.

Des rencontres qui marquent pour longtemps. On devrait beaucoup plus souvent se tourner vers ces personnes qui ont tellement à nous apprendre. Juste merci à vous… Merci pour votre accueil. Georges est fier d’avoir pu être un des vôtres pendant ce laps de temps.

Crédit photos AlphaRe.

 

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Fondateur de ForGeorges - plus de 1 000 bars testés à travers le monde - prend autant de plaisir à tester un nouveau bar, que déguster un spiritueux ou un verre de vin en bonne compagnie ! Spécialiste de la loi Évin et dénicheur de bonnes idées et innovations pour les marques d'alcool ! Son cocktail préféré ? Tous à partir du moment où ils font passer un bon moment (mais ne crache jamais sur un old fashioned bien réalisé ! ). Auteur des livres : Le Whisky C'est pas Sorcier, Le Rhum c'est pas sorcier et Les Cocktails c'est pas Sorcier, aux éditions Marabout et traduits en plusieurs langues (Anglais, chinois, japonais, russe, italien, néerlandais...) Auteur des livres : Le Whisky C'est pas Sorcier, Le Rhum c'est pas sorcier et Les Cocktails c'est pas Sorcier, aux éditions Marabout et traduits en plusieurs langues (Anglais, chinois, japonais, russe, italien, néerlandais...)

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Gandre
Gandre
10 années il y a

Merci pour ces histoires, je bois littéralement tes paroles.
Les vacances sont finis ou juste l’épisode Islay ?

Vraiment merci pour ce récit.

PS : petite question afin de me faire un avis plus pertinent sur les whisky que tu bois, quel est ton type de whisky à la base ? Tu peux ne pas répondre et m’envoyer chier 😀

Merci 🙂

Bonne journée

Gilles

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