C’est les yeux embrumés et le coeur lourd que Georges a décidé d’écrire ce billet d’humeur. Non il ne parlera pas d’alcool, ni de bonnes bouteilles.
Alors que ce matin une partie de l’équipe de ForGeorges discutait de l’avenir, des futurs projets tranquillement dans un café de Paris, il se déroulait à quelques centaines de mètres l’un des attentats les plus terribles que Paris ait connu. On ne se doute de rien et soudain l’alarme du téléphone qui sonne : flash info Le Monde. La phrase est énigmatique « Fusillade à Charlie Hebdo ». On se renseigne, on cherche et on s’aperçoit que non ce ne sont pas quelques coups de pétard contre la façade mais un événement bien plus grave. Le bilan s’alourdit. On continue sa vie en essayant tout de même au fil de la journée d’en savoir plus, d’en parler avec les gens que l’on croise pour se rassurer. On dit à notre famille qui commence à s’inquiéter que l’on va bien. On essaye de capter la télévision et on se dit que non ce n’est pas possible, qu’on vit un cauchemar. Oui en 2015, il est possible qu’une bande de tarés attaque un organe de presse satirique située en plein coeur de Paris, protégé par la police, et à l’arme de guerre ! Putain mais c’est quoi ce bordel ? Ce sont juste des dessinateurs qui protègent ce pour quoi des milliers de gens sont morts les siècles précédents : la liberté de presse ! Et des policiers qui faisaient juste leur métier ! Essayer de les protéger.
On finit sa réunion. On prend le taxi. On écoute la radio qui nous raconte toujours le détail des événements. Et soudain on passe juste à côté de la Bastille. On aperçoit la rue barrée. On ne sait pas pourquoi mais on sent ses jambes qui tremblent, les larmes qui montent. On essaye de se répéter que non ce n’est pas possible, mais si ça s’est bien passé ! On se dit qu’on aimerait bien avoir des couilles comme eux. Ne pas trembler, ne pas se mettre à genoux !
On se sert un whisky et on lève son verre à la santé de la démocratie. A la santé des disparus. Georges vous dit « Merci ! ».
On finira juste par cette phrase de Charb :
« Je n’ai pas peur des représailles. Je n’ai pas de gosses, pas de femme, pas de voiture, pas de crédit. ça fait sûrement un peu pompeux, mais je préfère mourir debout que vivre à genoux. »
Charb – 2012