En Bourgogne, on aime bien se tirer dans les pattes. Beaune, Dijon = 45 km, soit à peine 20 minutes de train. Alors que la guerre entre Beaune et Dijon commençait à peine à s’apaiser avec une répartition honnête, bien que peu lisible pour le quidam (la cité de la gastronomie et des vins pour Dijon, la cité des vins de Bourgogne pour Beaune), Dijon décide de relancer son vignoble et ainsi montrer que la ville peut exister aux côtés des célèbres Nuit-Saint-Georges et Beaune.
Cité des vins de Bourgogne VS cité de la gastronomie et des vins ?
Pas facile de s’y retrouver, si bien que lorsqu’on parle à un bourguignon, beaucoup pensent toujours qu’il s’agit de la même chose. Il faut dire que les deux municipalités se sont embrouillées à coup d’annonces foireuses, sur fond de divergence politique (Beaune est à droite quand Dijon est à gauche…). Résultat, plus personne ne comprend rien alors que pourtant la Bourgogne est la grande gagnante de tout cela.
La cité des vins de Bourgogne sera édifiée à Beaune et devrait sortir de terre en 2021. Enfin si tout se passe bien, car il y avait encore des divergences entre la municipalité de Beaune (qui a voulu accélérer le projet avec le classement des climats de Bourgogne au patrimoine mondial de l’UNESCO), et le CIVB qui voulait que la cité accompagne tous les vins de Bourgogne et non uniquement ceux classés au patrimoine. Le but de cette accélération soudaine : accueillir comme il se doit les 400 000 visiteurs de plus que la classification au patrimoine de l’UNESCO devrait apporter à la ville chaque année.
De son côté la ville de Dijon a hérité de la préconisation de plusieurs ministères de créer un réseau de cités de la gastronomie (Lyon, Paris-Rungis et Tours) pour promouvoir eux aussi un patrimoine de l’UNESCO : le repas gastronomique des français. (Après ne nous demandez pourquoi un cinéma de 12 salles est venu se greffer au projet, ça reste un OVNI pour nous aussi…). Elle doit ouvrir ses portes en 2019, soit avant la cité des vins de Beaune. Et vlan dans les dents.
Mais il y a du vin à Dijon ?
Car contrairement à Lyon par exemple qui s’appelle simplement Cité de la gastronomie, Dijon y a accolé « Et des vins ». Mais comme beaucoup aime le faire remarquer (ou se moquer), Dijon ne possède pas de vignobles, même si la commune Marsannay la côté, la ville la plus proche à produire des vins, n’est qu’à quelques kilomètres. Et même si Dijon comporte un vigneron (Bertrand Messager) qui élève ses vins de façon atypique, ça reste complètement dérisoire.
Dijon avait beau vanter son prestigieux vignoble passé : au XVIIe siècle, on comptait plus de 300 vignerons à Dijon.
De 1000 ha au XIXe siècle, la surface viticole s’est réduite à moins de 40 ha. Bon l’histoire c’est bien, mais aujourd’hui ?
Quelques vignerons humanistes (et avec le nez creux) se sont engagés aux côtés de la ville pour de faire renaitre le vignoble dijonnais. Pourquoi avec le nez creux ? Car avec le succès et l’inflation des vins situés entre Beaune et Dijon, les consommateurs ont tendance à s’éloigner, et déjà la côte chalonnaise au sud de Beaune connait un beau succès.
Parmi eux, Paul Aegerter, qui a acquis 2 hectares cette année replantés en Chardonnay.
Et à terme, la volonté de la ville et des vignerons est de créer une AOP Côtes de Dijon. Avec la création, il y a peu, de l’appellation Coteau Bourguignon, qui a dit que la bourgogne était une belle endormie ? En attendant, elle se développera sur les côtes de Dijon, sur des coteaux ventilés, à l’abri des intempéries. Les premières vendanges sont attendues dans 4 ans pour le vin made in Dijon !