Douleur, tristesse, mal-être - J’ai comme une gueule de bois.
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14 novembre 2015, j’ouvre un oeil et un terrible mal de tête s’insinue doucement à l’arrière de mon crâne jusqu’à figer la moindre pensée. Il m’enserre et m’englue. Des flashs de la veille me martèlent la tête.
Une sortie tardive du bureau.
Un diner avec une bonne bouteille.
Une interrogation : “C’est quoi ce bordel dehors, on dirait un immeuble qui s’effondre ?”
Un doute : “Bizarre j’ai reçu 3 messages pour me demander si ça va..?”
80 morts
Je continue à trop boire ces images comme un mètre d’une mauvaise tequila. J’ai la nausée. Les avis de recherche défilent, Facebook se pare de bleu, de blanc et de sang.
129 morts
Assise par terre, la tête entre les mains, je dégueule toute cette haine.
Nous avons tous perdu quelque chose : un frère, un collègue ou tout simplement son insouciance, dont une partie s’est déchirée à chaque impact de balle dans la chair d’un autre.
Moi, je t’ai perdu toi, mon ami.
Tu m’appelais ton Ange obèse car ça faisait un anagramme quasi-parfait de mon nom, tu vouais une passion obscure pour les naan dont tu imprimais les motifs sur nos visages et franchement Germain, les Eagle of Death Metal…!
Tu étais intelligent, sensible et plein d’humour. Une pointe d’insolence mais surtout une extrême finesse et une grande justesse. Preuve en est, ta dernière photo postée sur ton mur pendant que nous attendions désespérement des nouvelles de toi. Drôle. Subtil. Effrayant au regard des événements.
Et parce que personne au monde ne profite aussi bien de la vie qu’un Français, je ne manquerai pas de porter un toast à ta mémoire.
Tu me manques déjà.
Germain est une vicitime du Bataclan. Il avait 36 ans, une femme et une petite fille de 18 mois.